Nous avons tous l’envie de voyager pour découvrir le monde, se découvrir et être émerveillé par sa splendeur. Est-il possible aujourd’hui de le faire sans mettre à mal son bilan écologique personnel ? L’avion, on le sait, est source d’une pollution impressionnante, mais sa rapidité et son efficacité nous laissent peu d’autres choix. Pourquoi pas, alors, mettre le déplacement au cœur du voyage, autant que la destination
A bord, une microsociété se met en place, codifiée par l’économie des réserves d’eau, énergétiques et alimentaires. De cette expérience, il est facile d’en tirer un parallèle entre les ressources embarquées et les ressources fissiles de notre planète… à utiliser avec modération !
Afin d’être autonomes le plus durablement possible, les marins rationnent leur consommation d’eau potable ou dessale de l’eau de mer. Dans notre cas, nous avions environ 5l d’eau par jour et par personne pour la toilette, la cuisine la vaisselle, la lessive. Pour la cuisine, l’eau de mer est la première ressource sollicitée, elle apporte du sel pour la cuisson (en la limitant à 1/3) et elle sert à la vaisselle (sauf pour le rinçage).
Les instruments de navigation, le pilote automatique et le réfrigérateur sont de gros postes difficilement compressibles de consommation électrique. Si le bateau se trouve démuni de sources d’énergie renouvelable, c’est le groupe électrogène ou le moteur auxiliaire qui recharge les batteries. C’est pourquoi de plus en plus de navigateurs se tournent vers les éoliennes et panneaux solaires embarqués, permettant une source d’électricité assez régulière, économique et écologique, mais réservée aux besoins primordiaux cités ci-dessus.
Nous constatons que l’expérience du voyage lent et autonome est riche d’apprentissages quant à la gestion des ressources du quotidien. Elle permet, pour des personnes sensibles à leur empreinte écologique, de se mettre en situation « forcée » de sobriété. Sur le bateau, il n’est plus possible de tourner le bouton d’eau chaude ou de chauffage, de rester des heures devant un ordinateur, comme bon nous semble, sinon on prend la part de quelqu’un autre, ou alors on compromet les conditions de la suite du voyage. On se rend compte rapidement que nous jouissons de ces éléments de confort habituels qui rythment nos journées à terre, mais que nous savons très bien nous en passer, même sur le long terme.
Ainsi, il importe à bord de repenser ses habitudes et de privilégier les divertissements simples comme la lecture, les jeux de cartes, des activités artistiques ou artisanales. Ce qui redonne toute sa place au partage collectif : apprentissage des nœuds, jeux à plusieurs, créations musicales (voir notre chanson : La Houle !), partage de livres… les instants solitaires sont également une source de recueillement dont on peut profiter à bord, il est même conseillé de ne pas les négliger !
Sur le plan humain, le bateau représente l’unique lieu de vie et d’interaction, les relations sociales s’en retrouvent chamboulées et des tensions peuvent naître de nos limites personnelles et de nos impatiences. La durée et le huis clos permettent de réparer ces erreurs, et d’éviter la récidive. Nous avons ainsi repris conscience de l’importance des mots, parfois destructeurs comme salvateurs.
Mais ce contexte favorise surtout une rencontre très profonde, loin de nos échanges habituels succincts, avec des débats nourris, des partages de connaissances, et vivre une expérience comme celle-ci a créé un lien unique entre nous. L’arrivée sembla irréelle, et se séparer de notre équipe pour continuer la route fut un déchirement uniquement compensé par notre soif de découvertes et de nouvelles rencontres par le voyage.
Nous conseillons à tout un chacun de vivre une expérience comparable, elle sera forcément riche de sens et d’enseignements.
Il est vrai que partir en Amérique en voilier doit être une aventure exceptionnelle et inoubliable, dommage qu’il faille des semaines pour arriver à destination !
Justement, c’est le fait qu’il faille des semaines qui rend l’expérience exceptionnelle et inoubliable… à méditer 😉 (Clément)