Point de naïveté pour Antoine Froehlicher et Clément Bresciani, partis courageusement traverser l’Angleterre et l’Ecosse en auto-stop jusqu’à Glasgow pour participer à la COP26. Le rendez-vous mondial et annuel du climat regroupe 196 pays qui peinent à s’accorder, et même si la curiosité d’être au coeur du rassemblement piquait les deux baroudeurs, ils nourrissaient peu d’espoir du côté des négociations. Cependant, c’est une mission de sensibilisation bien précise que les deux compères se sont donnés : expliquer les causes et conséquences de la crise climatique au plus grand nombre, grâce à un outil devenant peu à peu célèbre dans le monde entier : la fresque du climat.
La COP ou l’archétype du greenwashing
Le greenwashing n’est peut-être même pas le bon terme tellement certains exposants de la greenzone (ouverte au grand public) présentaient des solutions incompatibles avec la lutte contre le réchauffement climatique, voire carrément des stands hors sujet. Si bien que Les Vagabond.es de l’énergie ont à leur retour publié un album spécial sur leur page facebook « Notre musée des horreurs de la COP26 » dont voici les exemples les plus frappants.
La pauvreté des initiatives mises en avant aura laissé un goût amer à de nombreux citoyens présents sur la COP, venus pour la plupart chercher matière à penser, échanger, à se galvaniser grâce à des idées positives. Le gouvernement du Royaume Uni a profité de cet événement pour mettre en avant de nombreuses entreprises de son territoire, aux solutions innovantes toujours plus tournées vers la technologie de pointe. Si les énergies renouvelables avec ses stars photovoltaïques et éoliennes et l’efficacité énergétique sont bien présentes, aucune trace du mot sobriété, aucun discours prônant une baisse de la consommation énergétique pourtant indissociable d’une lutte sérieuse contre le réchauffement climatique.
Les spécialistes de la questions sont pourtant unanimes : les énergies renouvelables ne sauveront pas le climat sans réduction de notre dépendance à l’énergie, sans la remise en question d’une croissance économique basée sur une production massive de biens de consommation et sans réduction de nos déplacements énergétivores. Seule la question de la consommation de viande semble correctement mise en avant. Pourtant, force est de constater qu’aux cafétérias de la greenzone et de la bluezone, la majorité des aliments proposés étaient carnés.
La bluezone, réservée aux négociateurs et autres acteurs spécifiques, est littéralement colonisée par les entreprises du secteur des énergies fossiles. Avec ses 503 représentants, si les énergies fossiles étaient une délégation, elle serait la plus représentée de la COP, devant le Brésil et ses 479 représentants. On peut alors facilement imaginer l’influence de ces entreprises sur les prises de décisions, qui ont été plus que décevantes à l’issue des deux semaines de discussions. Nul besoin ici de s’étaler sur le sujet, la presse en a déjà largement fait écho et les curieux trouveront facilement le compte-rendu du Pacte de Glasgow. Rappelons ici tout de même que l’ensemble de ces engagements, aussi petits et à horizons lointains soient-ils, ne sont pas contraignants, ce qui signifie aucune sanction prévue en cas de non respect.
La connaissance, une des clés du changement
Au milieu de cet océan de greenwashing, de nombreux citoyen.nes sont venu.es manifester, partager, exprimer leur volonté d’un changement profond de société. Clément et Antoine ont ainsi fait partie d’une délégation de 170 personnes de l’association française La fresque du climat, bien déterminées à diffuser la connaissance des enjeux climatiques à Glasgow, au sein de la COP26 et au delà.
L’association a été fondée en 2018, et pourtant La fresque du climat est déjà traduite en 35 langues, présente dans 50 pays, rassemble plus de 10 000 animateurs et animatrices, et déjà plus de 200 000 personnes ont participé à un atelier. Ce puissant outil de sensibilisation connait un développement fulgurant, tant il est accessible au plus grand nombre, et tant il met en exergue et sans détours les tenants et aboutissants de la crise climatique. Le bilan des deux semaines est impressionnant : 775 personnes ont participé à l’atelier complet (3h) et près de 2400 personnes ont participé à la « version quiz » de la fresque. Il y a fort à parier qu’après une telle présence sur la COP26, l’outil va continuer à se diffuser de façon exponentielle.
Le constat à l’issu des ateliers est sans appel. Même au sein de la bluezone, la majorité des participant.es ne maîtrisent pas les connaissances de bases permettant une vision globale du changement climatique. Forçage radiatif, bilan énergétique, acidification des océans, puits de carbone, effet de serre aditionnel, ces notions vous semblent floues ? Rassurez-vous, ou pas, la plupart des négociateurs et négociatrices « fresqué.es » pendant la COP sont dans la même situation.
La fresque du climat est un atelier collaboratif qui permet d’y voir plus clair. Il ne fera pas de vous un.e climatologue, mais permet de relier les causes et conséquences du réchauffement global. Ces dernières sont nombreuses sur la faune, la flore, les océans, et au final c’est notre cadre de vie qui est menacé, nous avec. Afin de ne pas se quitter sur un sentiment de dépression collective, l’atelier laisse une grande place à la discussion autour du ressenti, des émotions et des solutions.
Se projeter dans un futur enviable
La crise climatique, et l’enchainement des COP décevantes ont une tendance à paralyser l’imaginaire, bloqué sur une vision négative du futur. Nous avons besoin de sortir de cette ankylose pour agir, et pour cela nous avons besoin de nous projeter dans un avenir souhaitable, d’identifier les leviers efficaces et accessibles au changement.
De nombreux outils commencent à se diffuser, et plusieurs d’entre eux ont été partagés au sein de l’association La fresque du climat pendant la COP26. Antoine et Clément ont pu en découvrir quelques-uns, comme « La Fresque des nouveaux récits » qui explore les mécanismes cognitifs et sociaux constituant des verrous à la transition et qui permet d’expérimenter la création collective d’histoires racontant des trajectoires vers un monde plus désirable, l’atelier « 2 tonnes » qui au travers d’un jeu de rôle simule une diminution de notre impact carbone à horizon 2050 compatible avec les accords de Paris, ou encore l’équation de Kaya qui met en lumière les différents leviers à échelle macroscopique.
Les Vagabond.es de l’énergie sont convaincu.es de la nécessité absolue de faire appel au sensible, et à l’imagination collective afin de susciter l’envie et donc l’action. Le pouvoir des histoires et de l’art peut nous transporter dans un futur souhaitable, et Antoine et Clément, constituant actuellement l’équipe salariée fixe de l’association, sont revenus plus que jamais déterminés à mettre toute leur énergie dans cet objectif en Normandie, leur terrain de jeu actuel… stay tuned !
Les messages sont là, mais les actes ?
Bravo Clément et Antoine !! Vous êtes VRAIMENT courageux d’avoir accompli ce périple.
Dommages que les « preneurs de décisions » n’aient pas ce courage…
J’aurais bien aimé me trouver un coin dans votre sac! Bravo et merci pour le partage
Hello, bravo les voyageurs!
Comment être mieux placé pour tenter de se faire entendre que d’être directement là où se déroule la cop 26, super initiative !